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Cultures de céréales et légumineuses conduites en agriculture biologique, pour nourrir nos cochons.

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Je suis paysan charcutier, installé avec ma femme, sur une ferme de 24 hectares dans le bocage vendéen. Au moment de notre installation, nous nous étions promis de ne jamais oublier le parcours du combattant incroyable, et les situations totalement Kafkaïennes que nous avions vécus au contact de l’administration et des nombreux « acteurs » gravitant autour du monde agricole.


Ces mauvais moments passés, nous avons pu malgré tout nous installer avec toutes les approbations nécessaires, y compris des organismes certificateurs de l'agriculture biologique, qui n'ont rien trouvé à redire alors à notre projet.


C'était il y a seulement 5 ans. Et aujourd'hui, ces mêmes institutions nous expliquent que ce qui était valable à l'époque, ne sera bientôt plus d'actualité, et qu'il va falloir, par nos propres moyens, nous adapter à la nouvelle norme bientôt en vigueur.


La situation des éleveurs de porc bio est d'autant plus significative aujourd'hui que nous sommes pris en étau entre d'un côté la DDPP, qui nous demande de barricader nos élevages, de clôturer nos parcs et d'établir des plans de biosécurité, et de l'autre, la certification AB, qui nous imposera bientôt de réaménager nos bâtiments, pour répondre aux nouvelles injonctions européennes.


Aujourd'hui ce sont les bâtiments, demain ce sera la traçabilité, puis la génétique, puis de nouveaux les bâtiments... l'imagination technocratique en matière de normes et de règlements est un puits sans fond. Un pas après l'autre, toujours au nom du bien et de la sécurité, nous sommes plongés en douceur dans un monde Orwelien qui n'a plus de sens.


En réalité la situation est la suivante, et le mécanisme est le même à chaque nouvelle réglementation, mise au norme.... : ceux d'entre nous qui pourrons investir ou qui accepterons de se ré-endetter le feront, contraints et forcés. Les autres, ne disposant pas des mêmes moyens, se refusant à serrer encore plus la corde qu'ils ont déjà au cou, ou tout simplement écœurés par cette remise en question permanente de leur outil de travail, finiront par abandonner, à regret, et viendront aggraver la chute vertigineuse du nombre d’agriculteurs dans la population française depuis 60 ans.


Depuis plusieurs décennies maintenant, le monde agricole s'est fait complètement dévorer par l'administration. Si nous voulons survivre demain, nous ne devrions plus nous demander : est-ce que tel nouveau règlement est bon ? Est-ce que tel nouveau label est souhaitable ? Mais plutôt : pourrons nous supporter encore longtemps d'avoir été totalement dépossédés de nos métiers, privés de nos libertés, et d'être administrés de l’extérieur par des institutions qui ont programmé notre destruction ?


Voici donc un des grands paradoxes de la démocratie moderne : on nous demande (et bientôt nous impose...) de décider par nos votes, d'orientations politiques et de questions qui bien souvent nous dépassent, et pour lesquelles nous ne connaissons pas les réels enjeux, et l'on nous refuse d'un autre côté la souveraineté dans notre quotidien, de pouvoir régler nos vies et nos métiers comme nous l'entendons. On se demande bien comment nos ancêtres ont fait pour survivre en leur temps, sans toute cette pesanteur, et ont réussi malgré tout à nous transmettre le merveilleux patrimoine dont nous avons hérité, et que nous voyons disparaître sous nos yeux.


Dieu merci, ce triste constat, et mon pessimisme apparent (qui n'en est pas un en vérité), ne m'empêche pas d'aimer la vie et d'être heureux. Mais je dois admettre qu'il m'est de plus en plus difficile de voir ce monde rural et agricole que j'aime tant et qui m'a tant donné, sombrer chaque jour un peu plus, s'enliser dans des voies sans issue, et d’assister à ce triste naufrage, impuissant. Nous devons nous réveiller.


Nous ne ressusciterons pas le passé, ce n'est pas notre espoir, et gardons nous de mythifier une vie dont nous n'avons pas connu la rudesse et les imperfections. N'oublions pas cependant, qu'il n'est pas si loin le temps où l'agriculture paysanne, familiale et naturelle, était la norme partout, et ceci sans avoir besoin d'aucun contrôle extérieur. S'il est un aspect de cette tradition que nous aimerions voir renaître aujourd'hui c'est celui de sa cohérence et de sa cohésion.


Ce petit mot n'a pas vocation à vous faire baisser les bras, bien au contraire. Nos milieux regorgent encore de paysans résolus et combatifs, qui ont su au fil des luttes, bâtir des réseaux solides et extrêmement utiles.


Nous voulons montrer, et nous devons croire, en faisant vivre nos petites fermes, qu'il est encore possible de pratiquer une agriculture paysanne, qui donne du sens à nos vies en prenant soin des hommes, des animaux et de la terre. Cependant, cet épisode pourrait bien nous démontrer, s'il en était besoin, que quoi que l'on fasse pour trouver des alternatives au système, il y a toujours derrière nous, ce monstre froid administratif, qui ne manquera pas une occasion de nous dévoiler sa vraie nature : un rouleau compresseur au service de l'industrialisation de l'agriculture.






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